Le jackpot de l’Etat Français, c’est la Française des Jeux ; histoire d’une société florissante
Qui a eu l’idée de lancer un Loto National en France ? L’Etat Français s’est-il mis en quatre pour inventer cette énorme machine à sous ?
L’histoire palpitante du loto en France
Cet article est issu du Livre “Jackpot de l’Etat“. Avec l’accord de l’auteur pour la publication sur notre site Blog Casino Poker. Cette page a été annulée et transférée sur Casinosguide.net
Après la Première Guerre Mondiale, l’association des “Gueules Cassées” achète des terrains en région parisienne, afin de construire les bureaux d’une toute nouvelle loterie appelée le Loto.
Il a officiellement été inauguré en ces lieux le 10 Juillet 1975. Ce jeu va alors révolutionner les jeux de hasard et d’argent. En pleine reconstruction à cette époque, les Français sont nombreux à rêver de richesse.
C’est pourquoi, ils achètent régulièrement les billets du seul jeu autorisé dans l’Hexagone depuis 1933 : la Loterie Nationale. Mais après plus de 40 ans de bons et loyaux services, cette dernière s’essouffle.
Les ventes stagnent et les parieurs ont découvert un nouveau jeu: le tiercé. Les années 1960 marquent ainsi l’explosion du nombre de turfistes.
Les promoteurs cherchent alors à rajeunir leur formule et ils se réussissent. C’est d’Allemagne que leur vient l’idée.
En effet, la République Fédérale a lancé 20 ans plus tôt une sorte de tombola, composée d’un bulletin où les joueurs devaient cocher 6 numéros sur 49 possibles. Le gagnant étant celui qui avait coché les 6 bonnes cases. C’est ainsi que le Loto moderne est né.
La formule remporte en quelques mois un immense succès et les régions administratives d’Allemagne se mettent même à organiser tout à tour leur loto sur le même modèle.
Les parieurs sont de plus en nombreux à cocher des numéros sur leurs grilles. Le jeu est en effet bien plus séduisant que la Loterie Nationale et ses vieux billets pré-imprimés.
Au Loto, tout le monde peut choisir sa propre combinaison de chiffres et le joueur a la sensation de provoquer sa chance.
Cela change tout ! Le 10 Juillet 1975, Jacques Chirac appose donc sa signature sur le décret scellant la naissance du Loto.
Son organisation est dédiée aux organisateurs de la Loterie Nationale. Le gouvernement ne veut en effet ni contrôler, ni financer de tels projets car à cette époque, l’Etat peine à se remettre de la crise financière de 1973 (le crack boursier dû à l’augmentation du prix du pétrole).
Le gouvernement Chirac saura néanmoins reprendre la main en temps voulu, lorsque les bénéfices de ce jeu seront devenus significatifs.
Pour créer le Loto, les émetteurs associent leurs forces autour d’un groupement d’intérêt économique nommé PRELO. Il faudra presque un an pour mettre en place le premier tirage, qui se fait en public au théâtre de l’Empire à Paris, le 19 Mai 1976.
Seuls 73.680 bulletins sont validés pour un gain total de 600.000 francs. A cette époque, seuls les parisiens peuvent jouer et moins de mille points de vente sont présents en Ile-de-France. Pendant 3 mois, personne ne coche les 6 bons numéros…
Le doute s’installe alors au PRELO et chez les joueurs. Puis il se dissipe quelques semaines plus tard lorsqu’un joueur coche les 6 bons numéros et remporte le jackpot. Le premier gagnant du Loto fait alors la une des journaux en Septembre 1976.
Les ventes sont immédiatement dopées : 250.000 billets validés le mois suivant, puis un million de jeux supplémentaires chaque mois. En 1977, la France joue près de 7 millions de bulletins par semaine. Du jamais vu !
Année par année, l’Etat s’intéressera de plus en plus à ce jeu et finira par s’accaparer les prérogatives jusqu’alors dévolues aux membres du PRELO.
Il décidera de prendre en main la gestion du Loto et d’écarter les investisseurs privés et les associations.
Il crée ensuite une société d’économie mixte (SEM) : la Société de la Loterie Nationale et du Loto National (SLNLN). L’Etat s’est donc approprié en quelque sorte ce jeu.
La société qu’il a créée n’est d’ailleurs qu’une coquille vide, destinée uniquement à ponctionner les sommes considérables brassées.
Les véritables organisateurs, les émetteurs se font voler leurs fonds de commerce, on leur offre une rémunération pour avoir “inventé” le Loto et il est décidé de leur verser une redevance annuelle pendant 30 ans.
Promesse non tenue et joli tour de passe-passe qui leur restera en travers de la gorge. Une sorte de “racket” en bonne et due forme par les dirigeants de l’époque…
La SLNLN va donc réussir non seulement à faire croire qu’elle organise tout mais aussi à s’emparer de toutes les décisions à prendre en dépit des émetteurs et des courtiers, pour devenir la puissante société que l’on connaît aujourd’hui.
Les débuts de la société à l’époque sont ratés. Pourtant ses résultats sont exceptionnels : son chiffre d’affaires en 1987 atteint 17,5 milliards de francs.
L’explosion de l’informatique va aussi l’aider à s’améliorer au détriment de la Loterie Nationale qui ne disparaîtra qu’à la fin de l’année 1990.
Le 13 Janvier 1989, la société prend le nom de “France Loto” et continue d’augmenter régulièrement ses bénéfices pour le plus grand bonheur de son actionnaire principal.
A ce moment précis, l’entreprise va connaître un grand coup d’accélérateur. Le 5 Juillet 1989, Gérard Colé est nommé président de France Loto par François Mitterrand.
Cet homme d’affaire va prendre la tête de l’entreprise alors qu’il ne vient pas de la fonction publique comme ses prédécesseurs, mais de la publicité.
Son style et son expérience vont l’aider à dépoussiérer cette structure et à la transformer en quelques mois en un leader mondial des jeux de loteries.
Le PDG, après avoir divisé l’entreprise en plusieurs services, s’attaque à son nom : France Loto deviendra ainsi ” La Française des Jeux “. Ce dernier a une idée en tête : s’attaquer au marché international.
Il crée donc sa filiale : l’Internationale des Jeux. Cette dernière eut un éclatant succès avec des milliards de francs de chiffre d’affaires. Au fur et à mesure de son avancée, la société s’est recentrée sur les jeux en France.
Exemple : le “Millionnaire”. Ce jeu de grattage a littéralement explosé et “boosté” les ventes. Il s’en écoule chaque jour 18 millions d’exemplaires en 1992. Cependant le PDG est attaqué de toute part à cette époque.
Un rapport de l’Inspection générale des Finances écorche les méthodes du bouillant président : achats massifs de titres à des actionnaires, rupture des contrats, annulation de commandes etc…
Le bénéfice de l’entreprise, qui a doublé, attire la convoitise et les plaintes sont nombreuses envers la société. Victime de l’alternance politique avec la nomination d’Edouard Balladur, le président sera démis de ses fonctions en Mars 1993.
L’Etat en prendra alors le contrôle total jusqu’à la fin et seuls des énarques en assureront une gestion rigoureuse. Le chiffre d’affaire de l’entreprise a augmenté de 50% entre 1990 et 2000 et continue aujourd’hui de remplir les caisses…
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