Au coeur d’un scandale : le dopage au poker, la norme ?
Les joueurs de poker seraient 80 % à utiliser diverses substances pour être plus performants aux tables. Le dopage au poker a de beaux jours devant lui…
Le recours à des médicaments ou des substances pour plus de performance au poker
Le dopage n’épargnerait pas non plus les milieux du poker.
En effet, ce ne sont pas seulement les sportifs pratiquant des disciplines physiquement très exigeantes qui chercheraient à consommer des médicaments, drogues ou vitamines pour gagner en performance.
L’étude du Nova Southeastern :
Récemment, l’Université américaine de Floride du Sud, Nova Southeastern, a présentée une étude sans appel : les joueurs de poker seraient 80 % à utiliser diverses substances pour être plus performants aux tables.
Cette discipline figure ainsi parmi celles où le dopage est fortement répandu. L’étude a été faite sur quelques 200 joueurs online et live.
Cela induit quand même des limites puisque la taille de l‘échantillon n’est pas représentative, statistiquement parlant.
Les résultats récoltés sur les adeptes du poker n’ont fait l’objet d’aucune comparaison avec une quelconque population-test.
Le panel retenu comportait 25 % de professionnels, 35 % de semi-professionnels, 37 % d’amateurs, et de 3 % de joueurs occasionnels.
Les joueurs live englobaient 18 % de l’échantillon et ceux en ligne représentaient 67 % tandis que le reste, 15 % s’adonnaient aux deux types de poker.
Les enquêtés proviennent en grande majorité des Etats-Unis (à 59 %), d’Europe, du Canada et d’Asie. Ils sont à 96 % composés d’hommes et leur moyenne d’âge est de 26 ans.
L’étude a néanmoins le mérite de donner de premières informations sur une pratique qui échappe totalement à la réglementation, le poker ne constituant pas un sport aux yeux des fédérations olympiques.
A noter : cet article sur le poker et le cannabis devrait vous plaire également.
Les différentes catégories de dopage au poker :
80% des adeptes du poker enquêtés ont affirmé prendre une ou des substances afin d’avoir de meilleures performances au cours d’une partie :
- 71 % recourent à la caféine.
- 51 % boivent des boissons énergisantes.
- 46 % prennent un ou plusieurs compléments alimentaires (ginseng, ginko, vitamine B12, guarana, etc.).
- 34 % recourent à la Marijuana.
- 29 % consomment de la nicotine.
- 28 % recourent à des médicaments sous ordonnance, particulièrement des amphétamines, des dextro-amphétamines mais aussi des analgésiques et des tranquillisants.
- Enfin, 8 % prennent de la cocaïne.
Les effets recherchés de ces substances :
Selon le professeur en pharmacie Kevin Clauson, un des instigateurs de cette enquête, l’utilisation de ces substances sert principalement à aider le joueur à rester le plus longtemps possible éveillé tout en conservant une concentration optimale.
Cette endurance constitue en effet un important avantage concurrentiel lors d’une partie, les tournois ainsi que les cash games s’étendant parfois sur plusieurs longues heures durant lesquelles il faut être alerte, lucide et bien concentré.
Les trois quarts des joueurs prennent ainsi ces produits dans le but de booster leur perception et leur concentration.
11 % souhaitent par la prise de ses substances rester éveillés et la même proportion y puisent du calme et veulent baisser ou éliminer leur tension nerveuse.
Les amphétamines contribueraient à une meilleure concentration. La cocaïne servirait à combattre la somnolence.
Les bétabloquants font diminuer le rythme cardiaque et éviteraient ainsi aux joueurs la révélation de tells.
La marijuana aiderait à offrir de la résistance au Tilt. Les médicaments obtenus sous ordonnance comme les méthylphénidates hausseraient les performances de mémorisation.
Selon le professeur Clauson, ces joueurs ne sont pas à l’abri d’effets secondaires néfastes à moyen terme, voire à court terme, selon la fréquence et la catégorie de substance prise.
De nombreux joueurs professionnels notoires ne se cachent d’ailleurs pas d’employer régulièrement ces substances.
Par exemple, dans une interview de Mike Matusow datant de 2006, le joueur explique par une erreur de prescription médicale et de médicament le fait qu’il ait craqué durant un WPT à Atlantic City.
Le champion Paul Philips, aujourd’hui retraité des tapis verts après avoir raflé plus de 2 M$ a quant à lui, avoué que l’usage de Modafinl et d’autres médicaments l’aidaient à augmenter sa concentration lors des tournois de longue durée.
Le dopage au poker : à combattre ou à encourager ?
La prescription de médicaments à des fins non thérapeutiques pour doper ses performances a été validée autant par le conseil de l’ordre des médecins au Royaume Uni que par le comité éthique de l’académie de neurologie des Etats-Unis.
Cela risque de rendre l’utilisation de produits dopants légitime au regard des joueurs qui n’y ont pas encore recours.
Cet usage présente toutefois des risques non négligeables en plus de l’addiction : cancer, maladies cardiaques, psychoses, etc.
Ceux qui souhaiteraient que soit réprimé le dopage au poker se heurtent toutefois à de grands blocages.
Le premier tient à la définition-même du dopage. Les substances comme l’alcool, le café ou le tabac font-ils partie des substances à proscrire ?
Comment par ailleurs procéder à des dépistages face aux plusieurs milliers de joueurs qui participent à une même épreuve ?
Enfin, est-ce juste de traquer le dopage dans les championnats live tandis que la grande plupart des joueurs en ligne peuvent sévir en ligne, hors de tout contrôle ?
Le débat est ainsi bien loin d’être clos et le dopage au poker voit se profiler encore de beaux jours à venir…