Le poker en ligne en France, un eldorado qui part en fumée depuis la loi

Le poker en ligne en France, un eldorado qui part en fumée depuis la loi

Le gouvernement français avec sa loi n’a pas assaini le secteur du poker, il l’a pratiquement… presque tué au profit de son monopole, la FDJ, qui elle se porte comme un charme mais avec peu de parts de marché, pour ne pas dire une bagatelle comparablement à PokerStars.

Le bilan du poker en France après la loi du 12 Mai 2010

Le bilan du poker en France après la loi du 12 Mai 2010.Catastrophe ou pas pour le poker en ligne en France après la loi du 12 Mai 2010 ?

Le bilan du poker en France nous semble plutôt très mitigé et surtout freiné par une loi trop restrictive, sans compter la fiscalité qui plombe tous les comptes des opérateurs agréés par l’Arjel, et par ricochet, les joueurs également.

On le sait : depuis la création de l’Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne) conjointement à la législation du 12 mai 2010 à propos de l’ouverture du marché français à la concurrence et de la régulation du domaine des jeux d’argent en ligne, le poker fait partie des seuls jeux d’argent en ligne autorisés en France, avec les paris hippiques et les paris sportifs.

Auparavant, aucune législation particulière ne restreignait le marché du jeu d’argent sur Internet dans l’hexagone. Or, après la promulgation de décrets spécifiques par l’Arjel, qu’en est-il aujourd’hui du marché du poker en ligne en France ?

A première vue, le cadre législatif que nous propose la loi peut être considéré comme rassurant pour l’ensemble des joueurs français. De fait, le cahier des charges de l’Arjel s’avère drastique, voire même exagérément drastique.

Deux des trois missions principales que s’est données l’Arjel sont à la fois de délivrer des licences aux plateformes conformes aux critères édictés, et d’aider à lutter contre les sites jugés illégaux, c’est-à-dire ne correspondant pas à ces mêmes critères.

Ainsi, en s’inscrivant à un site de poker agréé par l’Arjel aujourd’hui, l’internaute peut être sûr de la fiabilité du logiciel de jeu qu’il utilise et de la sécurité de toutes ses opérations.

Or, on sait que cette atmosphère de confiance n’allait pas de soi avant la loi de mai 2010 : en effet, les sites frauduleux proliféraient sur la Toile aux côtés de sites excellents et ouverts aux joueurs de tous les horizons.

Il était donc parfois difficile d’arriver à distinguer les sites se rattachant à l’une ou l’autre catégorie. En plus de garantir une sécurité appréciable, la loi a mis au jour une offre bien plus délimitée, donc plus lisible, concernant le poker en ligne.

De ce côté là, avec cette loi, l’Etat a fait son travail sauf au niveau des publicités sur les jeux d’argent, notamment le poker et les paris sportifs, qui pullulent sur nos écrans plats… et qui entraînent de l’addiction.

Non seulement la liste des opérateurs agréés figure sur le site officiel de l’Arjel, mais les sites bénéficiant de sa licence portent son logo. Actuellement, 27 opérateurs légaux selon l’Arjel se disputent le marché du poker en ligne français.

En tête de ceux-ci, on trouve Reel Malta Limited et son site Pokerstars, ou encore Table 14 avec Winamax, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux.

Un récent rapport de l’Arjel concernant l’évolution des jeux en ligne de juin 2010 à avril 2011 a montré que le monde du poker français se portait bien mieux que celui des paris sportifs.

(Mise à jour : depuis 2014, c’est le contraire. En effet, le poker est en déclin sévère alors que les paris sportifs ont le vent en poupe).

Entre ces deux dates, le nombre de comptes actifs de joueurs de poker a suivi une courbe majoritairement croissante, passant de 120 087 à 312 853 comptes. Selon ces statistiques, l’activité des joueurs de poker en ligne aurait donc quasiment triplé.

Ainsi, depuis l’ouverture du marché, les mises en cash game ont atteint un montant total de 5 526 millions d’€uros, tandis que les mises en tournois représentent 683 millions d’€uros.

Concernant les joueurs en eux-mêmes, les chiffres confirment que le poker en ligne n’est pas un jeu exclusivement masculin, puisque 9 % des personnes à jouer sur Internet au poker sont des femmes.

La plus grande partie des amateurs de poker en ligne, à savoir 43 %, se situe dans la tranche d’âge des 25-34 ans.

Par ailleurs, on observe une différence concernant les mises en cash game et en tournois : les internautes participant aux tournois de poker misent, en moyenne, moins de 100 €uros par trimestre, alors que ceux qui jouent au poker en cash game misent une somme inférieure à 300 €uros, toujours par trimestre.

Ces données sont-elles pour autant représentatives de la satisfaction des joueurs français quant à la loi contrôlant le marché des jeux en ligne, et a fortiori de poker ?

En réalité, on peut aller jusqu’à dire que les grands perdants de cette loi sont ces mêmes joueurs.

Le marché du poker en ligne en France depuis la loi souffre effectivement de nombreux maux, à commencer par le cloisonnement des salles de poker, fermées aux joueurs étrangers.

Le fait de jouer entre internautes français fait considérablement baisser l’intérêt des tournois, qui pouvaient autrefois rassembler plus de 500.000 joueurs de tous les pays pour des parties aux gains mirobolants.

Aujourd’hui, les prize pools des sites agréés sont plutôt maigres comparablement à l’âge d’or du poker avant la loi française.

De plus, la loi a pour conséquence de restreindre le choix de jeu, tout d’abord concernant les sites qui sont bien sûr moins nombreux : ainsi, 80 % des parts de marché sont actuellement détenus par quatre opérateurs seulement, ce qui s’avère pénalisant pour les sites plus récents comme LB Poker, Pkr et bien d’autres sites qui ont parié sur le poker en France. Une illusion que se transforme en calvaire pour certains sites…

En outre, le choix de jeu est diminué concernant les variantes de poker moins populaires que le Texas Hold’em Poker ou le Omaha par exemple. L’apparition de la loi sur les jeux en ligne induit également plus de taxes pour les joueurs de poker français.

En effet, les opérateurs certifiés par l’Arjel doivent se soumettre à la fiscalité imposée par la législation française, ce qui se répercute bien évidemment sur les clients de ces sites, contraints d’accepter un “rake” – à savoir une commission – plus élevé lorsqu’ils jouent en cash game.

Par ailleurs, le taux de redistribution est moins important chez les sites français agréés qu’il pouvait l’être ailleurs avant la loi.

Face à ces différents désavantages, on comprend que certains joueurs français désertent leur compte ou préfèrent se (re)tourner vers les sites de poker dits “illégaux” en quittant le .fr pour rejoindre la communauté du .com. (Mise à jour : en 2014, 47% des joueurs de poker en France se tournent vers des sites de poker illégaux).

En définitive, bien que la création de l’Arjel ait du bon au niveau de la fiabilité des sites, l’intérêt de ce changement est limité pour le marché du poker, comme en témoigne la proclamation de Pokerstars qui a menacé, en juin 2011, de se retirer du marché Français dans le cas où la taxation, nuisible pour les opérateurs autant que pour les joueurs, ne serait pas modifiée.

On attend donc une amélioration rapide de la loi, sous peine d’assister à l’expatriation de ces derniers.

Mais faut pas rêver, le gouvernement français, par l’intermédiaire de son Ministre du Budget, a bel et bien affirmé qu’il n’y aura pas de modifications de la loi avant les présidentielles.

Bilan du poker en France ?

Entre les gros joueurs de poker qui ont fait leurs valises depuis la loi, les opérateurs agréés par l’Arjel (hors PMU et FDJ) qui sont tous déficitaires, les salles de poker qui ferment comme FullTilt et Partouche Poker, la concurrence des sites de poker illégaux, le site Unibet qui est agréé en France mais qui freine son lancement, les mécontentements affirmés et légitimes des joueurs, une dégradation significative des joueurs actifs ces derniers mois, le bilan du poker en France est catastrophique, assurément en fort déclin et son avenir est très morose.

Seuls les casinos en dur, grâce à leurs tournois organisés, tirent leur épingle du jeu, et encore, ce critère restera à prouver dans les années à venir.

Le poker en France est un eldorado parti en fumée en fait, à cause d’une loi bâclée et construite par des joueurs de dominos et pas de poker, on ne le répétera jamais assez. Même l’Arjel a constaté dernièrement qu’il y avait des problèmes sérieux pour le poker en ligne français.

Le gouvernement français avec sa loi n’a pas assaini le secteur du poker, il l’a pratiquement… presque tué au profit de son monopole, la FDJ, qui elle se porte comme un charme mais avec peu de parts de marché sur le poker, pour ne pas dire quelques miettes comparablement à PokerStars et Winamax.

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